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Vous pouvez retrouver ce billet en podcast ici.

MAJ (05/03/2021) : précision sur le sens de « confinement strict »

Bon. Faut bien que ça sorte. J’en ai un peu trop sur le cœur depuis bien trop longtemps, et j’ai hésité sur le format. Est-ce que je devais en faire une vidéo Youtube ou pas ? Finalement, non. Ma chaîne Youtube a au départ été créée pour parler biostats, et je ne veux plus faire de billets d’opinion sur cette plateforme. ça sera donc sur le blog, et en podcast. Ha, et pour partir sur de bonnes bases : ce billet représente mes opinions personnelles. Vous pouvez tout à fait être en désaccord, avec d’ailleurs des arguments valables.

Depuis peu, je suis un peu effaré par les différents comportements observés pendant cette pandémie. Oui c’est long. Oui c’est chiant. Oui c’est difficile. Et encore, moi j’ai la chance d’avoir un job qui va bien avec un salaire qui tombe régulièrement. Mais quand même, j’observe dans la population un eugénisme décomplexé alimenté par une sphère complotiste contre laquelle aucune action publique n’est entreprise. Et cet eugénisme, je l’ai vu surgir dans mon entourage proche de la part de 2 personnes qu’on ne peut pas du tout qualifier d’individualistes. Au contraire, ce sont des gens avec un sens aigu de la vie en collectivité. 

Ce décalage, cette dérive, est le fait de plusieurs paramètres. Deux surtout :

  1. une mauvaise estimation du risque réel
  2. une gestion de crise catastrophique

Cet eugénisme, ce “tant pis pour eux, c’est des vieux”, est tout ce que je redoute en temps de crise, où la société ne peut s’en sortir qu’en faisant corps. 

Une mauvaise estimation du risque réel

Prenons un personnage fictif, qu’on va appeler Yann. En Mars 2020, Yann cède un peu à la panique : révolte contre les masques non disponibles, désinfection des courses en rentrant du supermarché. Un peur panique de contracter le virus. En Mars 2021, Yann se dit que quand même, on en fait beaucoup pour un truc qui tue des gens déjà presque morts et qu’on serait quand même bien mieux avec tous les trucs qui rouvrent. En 2021 il en vient à dénoncer ces “marchands de peur” qui veulent nous contraindre.

Entre Mars 2020 et Mars 2021, le risque associé au Covid n’a pas changé. Ce qui a changé, c’est la perception de ce risque par Yann : surévalué en 2020, sous-évalué en 2021. Ce risque, quel est-il vraiment ?

Risques associés au Covid

Alors reposons le contexte. Le Covid, c’est une maladie pas trop grave en soi, mais hyper contagieuse. Hyper contagieuse parce qu’ une personne est contagieuse jusqu’à 2 jours avant de montrer les premiers symptômes. Donc concrètement, si vous commencez à tousser le lundi et que vous êtes allé au bar ou en boîte le Samedi soir, vous avez contaminé des gens. Et ça encore c’est dans le cas des gens qui ont des symptômes, qui vont être un peu patraques et rester à la maison. Mais une bonne proportion des gens contaminés sont asymptomatiques et ne vont rien changer à leurs vies, mais tout en étant aussi contagieux.

Le problème de cette contagiosité, c’est qu’elle induit une croissance exponentielle des contaminations si elle n’est pas maîtrisée. C’est mathématique, c’est comme ça. C’est la base de la base de l’épidémiologie.

Quand on ne fait rien, chaque personne contaminée va en contaminer environ 3. Avec un temps de génération d’environ 7 jours (en gros). Donc si vous êtes contaminé le Lundi, le Lundi suivant vous aurez contaminé en gros 3 personnes, ce qui engendrera 9 contaminations la semaine d’après, 27 la semaine suivante, etc. En 3 mois, c’est plus de 500 000 contaminations. En 4 mois 43 millions. C’est le côté piégeux de l’exponentielle, ça augmente super vite. Donc très vite, si on ne fait rien, l’ensemble de la population est contaminé. Et ce n’est pas de l’alarmisme du tout, c’est juste un constat. Il ne s’agit pas de paniquer mais de comprendre ce mécanisme.

Donc sans gestion de l’épidémie, presque tout le monde sera contaminé. A partir de là il y a 2 scénarios possibles : 

  1. le système de soin tient le coup, et on peut être soigné
  2. le système de soin est saturé, et on ne peut plus prendre en charge les cas graves.

Dans le premier cas, on a des données assez précises.

Risques associés au Covid. Source https://science.sciencemag.org/content/369/6500/208

A partir de 25 ans vous avez, suivant votre âge et votre sexe, entre 0,01% et 15% de chance de mourir. Vous avez entre 1% et 40% de chance de finir à l’hôpital et, si vous êtes hospitalisé, vous avez entre 10% et 40% de chance de finir en réanimation. Ha, et vous avez de bonnes chances d’avoir des séquelles longues, avec un poumon endommagé à vie. Donc pour recontextualiser, on est dans un scénario où on ne contrôle pas l’épidémie, et vous allez forcément choper le Covid. Maintenant, prenons la mesure du risque, et risquons-nous (héhé) à une analogie, avec les limites que cela comporte…  Imaginons que devant vous il y a une porte. Vous avez le choix de l’ouvrir ou pas. Si vous l’ouvrez, vous avez entre une chance sur 100 et une chance sur 2 de finir à l’hôpital. Et entre 0,01% et 15% de mourir. Que faites-vous ? Comment percevez-vous ce risque ? Maintenant, si vous ouvrez la porte, vous obligez la moitié de votre foyer à ouvrir une porte similaire. ça correspond aux gens que vous contaminez. Comment évaluez-vous le risque ? Est-ce que vous décidez d’ouvrir la porte ou pas ? Une autre façon de considérer le risque de mourir, c’est de se dire qu’une personne qui décède du Covid aurait dû vivre en moyenne entre 10 et 15 ans de plus. Donc bon, clairement ça ne touche pas que les vieux en fin de vie.

Donc ça c’est dans l’hypothèse où le système de santé tient le coup. Ce qui n’est pas le cas si l’épidémie n’est pas contrôlée. Dans le scénario où l’épidémie est hors de contrôle et où le système de soin ne tient pas, à combien estimez vous le risque de mourir si vous nécessitez une hospitalisation ? A combien estimez-vous le bilan dans la population ? Choisissez-vous d’ouvrir la porte ? Si la réponse est non, cela veut dire que vous considérez qu’il est préférable de ne pas choper le Covid.

On voit bien que dans cette gestion du risque il faut distinguer le risque individuel du risque collectif. Le risque individuel, à la limite, on peut se dire c’est une responsabilité individuelle. Sauf qu’en réalité chaque risque pris individuellement se traduit sur une augmentation du risque collectif. Le risque collectif, c’est l’effondrement du système de soins, la possibilité de contaminer ses proches, etc. Pour réduire ces risques, on a deux possibilités : éviter d’être contaminé, ou avoir des traitements efficaces. Au niveau des traitements, les seuls ayant fait leurs preuves sont les corticoïdes pour les patients en réanimation. Il n’y a à ce jour pas de traitement précoce efficace.D’ailleurs, des traitements efficaces ne permettraient de réduire que partiellement ces risques, puisqu’ils n’influent pas sur le nombre de personnes contaminées.

Donc ça, c’est le constat. C’est comme ça que les choses sont. Ceux qui disent que le Covid est anodin mentent, tout comme ceux qui disent qu’on va tous mourir. La réalité est entre les deux, et c’est avec ça qu’il faut composer.

Effet de la gestion de crise sur la perception du risque

En Europe, les différents gouvernements ont pris des mesures de restriction de libertés pour limiter le rythme des contaminations. ça marche à peu près, et l’épidémie ne s’emballe pas. ou quand elle s’emballe, on arrive à la ralentir. Donc le désastre annoncé n’a pas lieu : les hôpitaux tiennent le coup, il y a relativement peu de morts. En tout cas bien moins que les 400 000 annoncés si jamais aucune mesure n’était prise. Et cela crée une discordance entre le risque réel, qui est maintenant bien compris, et le risque perçu. C’est comme si vous êtes en voiture avec quelqu’un qui conduit un peu vite, et vous savez que vous arrivez sur un virage méga serré. et vous dites au conducteur qu’il doit ralentir sinon vous allez finir dans le champ. le conducteur ralentit, vous passez le virage tranquillou. Et là le chauffeur vous dit “Tu vois bien que ça passe tranquille, il n’y avait pas besoin de freiner !”. Sauf que vous savez que c’est faux. S’il n’avait pas ralenti, vous étiez dans le champ.

Donc forcément, ce décalage entre le risque réel et le risque perçu nous fait douter du bien fondé des mesures restrictives pour limiter les contaminations. C’est normal. Moi-même à un moment j’en suis arrivé à souhaiter choper le Covid pour être immunisé et être tranquille. Bon a posteriori c’était pas malin. Et dans ce doute, arrivent les marchands de peur. Mais les vrais marchands de peur. Pas les épidémiologistes, non. Les complotistes.

La responsabilité des “rassuristes” et des complotistes

Les complotistes et autres m’as-tu-vu de plateaux télé jouent sur cette mauvaise perception du risque, sur cette lassitude, sur ce doute, pour répandre des fausses informations et soutirer du pognon aux gens. Ils disent des mensonges agréables à entendre. Par exemple que le Covid n’est pas dangereux. Qu’on a un traitement que le gouvernement refuse de donner. Que tout ça est un complot. Et on a envie de les croire. On a envie de croire que c’est pas grave, qu’on a des solutions. On a envie de croire qu’il y a un complot contre lequel on peut se révolter. Ce sont des mensonges faciles à entendre. Alors que la vérité est dure à entendre : oui c’est grave, non nous n’avons pas de solutions. Et en vous vendant ces discours, ces vendeurs de faux espoirs manipulent les gens pour faire du blé. Beaucoup de blé. Vous pensez que les producteurs de Hold-Up sont des philanthropes ? Que les types de France Soir sont des héros défendant le petit peuple opprimé ? Non. Ils gagnent juste beaucoup d’argent en diffusant ces fausses informations.

Et ils ont un allié avec eux : un gouvernement qui gère cette crise avec le cul.

Une gestion catastrophique

Lors de la première vague du printemps 2020, le gouvernement a globalement pris la bonne décision : confiner strictement la population pour mettre un gros coup de frein à l’épidémie. Et ça a super bien marché, puisqu’on est retombé à un niveau de contamination très bas vers Mai. Suffisamment bas pour qu’on profite un peu de l’été. C’est après que ça s’est gâté.

Bon, on passe sur la communication au niveau des masques qui était tout à fait foireuse. Mais ce que le gouvernement a loupé, c’est le déconfinement. Le déconfinement ne pouvait fonctionner que si la chaîne TAP (Tester-Alerter-Protéger) fonctionnait. Or, il y a eu des ratés majeurs à ce niveau, avec des délais beaucoup trop longs pour obtenir un rendez-vous de dépistage. La chaîne TAP a foiré.

Là-dessus, inévitablement, l’épidémie est repartie, en bruit de fond. Mais les indicateurs étaient clairs dès Juillet : la reprise était exponentielle et on allait se ramasser un taquet à l’automne. Là où c’est frustrant, c’est que le conseil scientifique avait alerté très tôt sur ce scénario, et qu’il n’a pas été écouté. Le gouvernement n’a à ce moment là rien fait pour limiter les contaminations, et a réagi bien trop tardivement, quand les réanimations ont commencé à se remplir.

La frilosité du gouvernement à prendre des mesures est pour moi du à 2 choses

  1. la prolifération des discours “rassuristes” durant l’été (vous savez, ces gens qui disaient qu’on avait une épidémie de tests, qu’il n’y avait pas de malade, puis pas d’hospitalisation, puis pas de réa, puis pas de morts, et qui ont fini par disparaître des plateaux télé)
  2. L’infantilisation de la population. Par ça, j’entends le fait d’imposer des mesures de façon verticales, en disant aux gens “faîtes nous confiance, on a raison”, de la même façon que des parents vont dire “t’es trop petit pour comprendre” à leur enfant.

Je m’explique. Comme le gouvernement a considéré que les gens étaient trop idiots pour piger une épidémie, il n’a rien fait pour dénoncer ou contrer les discours rassuristes et les mensonges associés. Il n’a pas essayé d’expliquer tout ce que je vous ai expliqué avant. Non non. On a juste considéré que les gens allaient gueuler et qu’ils étaient trop cons pour comprendre. Ce qui est scandaleux. Les gens sont parfaitement capables de comprendre si on ne les considère pas comme des débiles. L’autre hypothèse est que le gouvernement a surestimé la réactance des gens aux annonces. C’est-à dire qu’il ont considéré que les gens allaient s’opposer aux mesures fortes émanant du gouvernement. Cela ne retire pas le fait qu’une communication claire et transparente permet de faire baisser cette réactance.

Bref, à ce moment-là le gouvernement a manqué de courage et de clairvoyance. Et à partir de là, c’est du n’importe quoi. La seule variable d’ajustement, c’est le remplissage des réanimations. Tant que c’est pas trop plein, on ne fait rien. Mais on laisse l’épidémie courir avec le pied sur le frein pour pas que ça s’emballe trop. Le pied sur le frein, c’est le couvre feu à horaire variable, que le gouvernement ne veut pas appeler confinement. Sauf que bon, quand concrètement vous n’êtes en dehors de chez vous que pour bosser, on peut appeler ça un confinement. Et comme le gouvernement pense que les gens sont débiles et qu’ils ne supporteront pas des mesures plus restrictives, le gouvernement s’accommode d’un petit plateau à 400 morts par jour. Parce que bon pourquoi pas.

Nos dirigeants ne sont plus dans une gestion rationnelle de l’épidémie, mais dans une gestion politique et émotionnelle : contrarier le moins possible la population tout en maintenant l’économie, en ayant l’air compétent. Parce que bon les élections c’est bientôt. Sauf que je sais pas vous, mais prendre les gens pour des cons, c’est vachement contrariant. C’est quelque chose que l’on n’observe pas qu’en France d’ailleurs.

Là, on se retrouve avec un train de mesures incomprises, avec des aberrations manifestes comme le déni du fait que les écoles sont des lieux de contaminations entre les gamins qui ramènent le virus chez eux et contaminent les parents. Qu’on ne se méprenne pas : il y a un vrai enjeu de santé publique à laisser les enfants scolarisés, notamment parce que pour un certain nombre d’entre eux, la cantine garantit une alimentation correcte. Mais il aurait peut-être fallu l’expliquer franchement et assumer ce choix, en occultant pas le fait que les gamins se contaminent en mangeant. Et donc on aurait pu mettre en place des aménagements de temps de repas pertinents. Mais non, Emmanuel Macron, qualifié de presque épidémiologiste par sa cours fascinée, fait des paris politiques. Pour sa réélection. Et quand ça commence à partir en vrille, il en appelle à la responsabilité de chacun.

Appeler à la responsabilité de chacun, c’est dire aux gens que si ça se passe mal c’est de leur faute, pas celle du gouvernement. Or, les gens sont déjà responsables. Oui, il y a quelques champions qui font un peu de la résistance, ne savent pas porter le masque et ne respectent pas le couvre-feu. Mais dans l’ensemble ils sont vachement responsables. Et ils sont pleins de bonne volonté mais ils en ont marre. Ils en ont marre parce que ça fait 6 mois qu’ils vivent sous la contrainte sans trop se plaindre, mais pour aucun résultat. Si on expliquait au gens qu’on allait confiner très strictement (NB par « strictement », j’entends « de manière rigoureuse », pas forcément de façon autoritariste) 4 semaines pour vivre ensuite 4 semaines à peu près normalement, je pense qu’ils seraient moins affectés par la situation. Parce qu’au moins ils auraient l’impression de faire l’effort pour quelque chose. 

Pour le moment, les gens ont l’impression de faire tous ces efforts pour rien. Parce qu’on les prend pour des cons et que l’épidémie est plus ou moins régulée (ça va pas durer), ils endurent des restrictions de liberté, mais ils finissent par se demander à quoi ça sert tout ça. Ils finissent par se dire que c’est quand même beaucoup de contraintes pour 3 vieux qui meurent. Là c’est incompréhensible. Le meilleur exemple reste l’objectif de 5000 contaminations pas atteint avant les fêtes mais qui n’a entraîné aucune mesure particulière, alors qu’il était annoncé comme la condition sine qua non pour des fêtes de fin d’année. Si on ne respecte pas les objectifs et les contraintes qu’on se fixe, à quoi se fier ?

En gros, les gens font des efforts et n’en tirent aucun bénéfice. En tout cas aucun bénéfice perceptible. ils n’ont aucun répit. Le problème, c’est que le choix a été fait de vivre avec le virus. Et donc on gère un flux de contaminations continu, qui nécessite des contraintes fortes pour réguler ce flux. Ceci entraîne son lot de détresse dont le gouvernement s’accommode bien : étudiants précaires, restaurateurs, etc. C’est dramatique. Une autre stratégie, appelée “zéro covid”, consisterait à ramener les contaminations à un niveau très très bas, et de mettre en place un TAP extrêmement performant, notamment en permettant une isolation stricte des malades et cas contact. Cela permettrait de reprendre une vie à peu près normale. Notre société en est parfaitement capable. Mais pour ça il faut recommencer à considérer que la société est composée d’un ensemble d’individus responsables, et non pas une masse informe de débiles. 

Il faut aussi arrêter d’utiliser cette pandémie comme un outil politique. Parce que oui, aujourd’hui, cette pandémie sert des objectifs politiques.

Reparler de Science

La source du problème, quand j’y réfléchis a posteriori, c’est le manque de Science. On a tendance à considérer que la perception scientifique de l’épidémie est trop complexe. Et donc on ne l’explique pas aux gens. Certains d’entre nous ont bien essayé, en faisant de la vulgarisation sur les réseaux sociaux. Mais notre portée est bien maigre à côté de celle des grandes chaînes de télé qui, à de rares exceptions près, servent une soupe d’opinions populistes infondées. Oui Cnews, je parle de vous. Quand le grand Pascal Praud découvre en Septembre qu’il n’y a pas de lits de réanimation à l’IHU, on est à quel degré de compréhension de l’épidémie ? Et surtout on en est à quel degré de foutage de gueule ? L’erreur des médias en général, c’est d’avoir jour après jour martelé des chiffres ad nauseam, au point qu’avoir 400 morts par jour devienne une réalité acceptable. Au lieu des experts en rien, spécialiste en tout que l’on se tape toute l’année sur tous les sujets du monde (vive l’omniscience), les grosses chaînes d’info continu auraient du faire de la vulgarisation pointue. Les gens sont prêts à la recevoir.

La Science, c’est technique, mais c’est explicable. Il y a des gens très compétents pour ça, comme Tania Louis, Doc Primum, etc. Il y a des scientifiques organisés en collectifs pour essayer d’apporter des réponses scientifiques sur le Covid. Les gens comprennent. Ils ne sont pas idiots. Je vais vous faire une confidence : quand on a la condescendance de considérer son interlocuteur comme un béotien incapable de comprendre des concepts scientifiques pointus, alors d’une part on n’arrive pas à lui expliquer (parce qu’on s’adresse à lui sur un mode qu’il ne peut pas comprendre) et d’autre part celui-ci n’a pas envie d’écouter.

C’est important d’expliquer le Covid en termes scientifiques parce que, jusqu’à maintenant, la Science ne s’est pas trompée. Les hypothèses les plus probables se sont chaque fois révélées exactes. Le problème c’est que sont mises dans le même plan hypothèses, scénarios, et observations. Et les scénarios qui ne se sont pas réalisés sont vus comme des prophéties alarmistes mises en avant par un gouvernement manipulateur. Non sans raison d’ailleurs, puisque le gouvernement exhibe ces scénarios comme des épouvantails pour provoquer une réaction émotionnelle de la population. Or, ces concepts, on peut très bien les expliquer. Une Dominique Costagliola ou une Catherine Hill peuvent le faire merveilleusement bien. 

Il faut aussi que l’on arrive à expliquer l’incertitude. Qu’en Science, on dresse des hypothèses, que l’on confronte au réel afin de les évaluer. Puis on les affine, ou on les réfute. Il faut qu’on apprenne aux gens que celui qui se présente comme détenteur d’un savoir absolu face à une situation dont la principale caractéristique est l’inconnue est un menteur au mieux, un manipulateur au pire. Il faut que l’on explique aux gens que c’est ok de savoir ce que l’on ne sait pas. Et même parfois de ne pas savoir ce qu’on ne sait pas. C’est seulement en identifiant nos lacunes que l’on peut réfléchir à des solutions. Quand on croit que la vérité existe mais qu’on nous la cache, il n’y a plus de raison de réfléchir. Seulement de se révolter.

Ce que je retiens de cette crise, c’est que face à l’inconnu, face au stress, l’Homme a besoin de réponses. Souvent, la réponse la plus satisfaisante est celle qui est apportée en premier. C’est à partir de là que le reste de la perception face à l’inconnu se construit. Surtout quand cette réponse nourrit l’émotionnel. On l’a vu en Mars 2020 avec cette fameuse vidéo, virale, du pseudo gilet-jaune qui pensait que l’Institut Pasteeur avait inventé le Covid, en s’appuyant sur un brevet qu’il ne comprenait pas. Donc, charge à nous d’apporter une explication scientifique claire et rapide. C’est pas simple, mais c’est nécessaire.

C’est nécessaire parce que sans cette base rationnelle, les crises sont le lit du populisme, qui conduit la société à évoluer dans directions un peu sales. Ce manque de science, ce populisme, et cette récupération politique honteuse, c’est ça qui a conduit mes 2 proches à accepter le discours qu’on pourrait sacrifier nos anciens pour sauver une génération. Discours qui n’est pas soutenu par la réalité scientifique de cette pandémie.

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